La danse des morts....

Hum...
Que faisait-elle dans une discothèque ?
Aucune idée !
Emma n'aimait pas ces endroits, il y avait toujours beaucoup trop de monde, la musique -si on pouvait appeler ça de la musique- lui faisait mal aux tympans.
Elle se dirigea vers la sortie. Si la raison qui l'avait poussée à entrer lui revenait, elle reviendrait peut être...
Un cri lui parvint, assourdi par la musique. L'auteur du cri avait déjà disparut, et elle comprit vite pourquoi : une jeune fille se tenait à côté d'elle, un pistolet pointé vers la foule.
Hésitante, elle s'approcha doucement.

"Bonjour..."

Emma ne tenait pas à la surprendre, comme l'homme venait sûrement de le faire. Mais bon, pouvait-elle seulement avoir l'air menaçante avec sa petite taille et son grand regard doux ?
De sa voix claire, elle lui dit :

"Excuse-moi, mais ne serait-il pas mieux que tu ranges ton arme ? "

Juste ça. Et malgré le bruit autour d'elles, Emma était sûre que la jeune fille avait entendu sa voix basse et calme, apaisante. Le regard qu'elle posa sur elle était franc, et brillait comme si elle souriait de l'intérieur.

Emma lui rendit son sourire, un sourire franc. Elle se dirigea vers la sortie, passant fluidement entre les personnes de la boîte.
La soirée était déjà bien avancée et une fois dehors, Emma s'étira en levant les bras vers le ciel rempli d'étoiles. Elle détacha ses cheveux aux boucles aussi noires que le ciel.
Puis elle se tourna de nouveau vers la jeune fille rousse, et lui dit simplement :

"Je m'appelle Emma."

"Impulsive !"

Simple constatation, aucun jugement dans cette remarque spontannée, murmurée à elle-même. Elle rougit.

"Excuse moi. Euh... Oui, je suis à l'académie. J'ai dix-ssept ans, et toi ?"

Dix-ans ans... qui le croirait en voyant sa petite taille et sa stature si frêle ? Son caractère effacé n'arrangeait rien non plus... Mais de ce côté là, elle s'améliorait !
Elle s'adossa à un mur et regarda Zilia, ses grands yeux clairs turquoises remplis d'une curiosité innocente.

Aux derniers mots de la jeune fille, Emma hocha pensivement la tête. Elle en savait quelque chose...
Le regard de Zilia qu'elle sentit posé sur elle capta de nouveau son attention et elle releva la tête. En voyant leur expression, elle ouvrit des yeux ronds.
Elle eut l'impression de frissonner, et à la place se mit à rire. Un rire qui s'éleva haut et clair, sans qu'elle puisse s'arrêter. Pourquoi riait-elle ? Elle n'en savait rien, ce regard faisait plutot peur.
Mais non, au lieu de partir en courrant, Emma, pliée en deux, riait aux larmes.

Emma reprit lentement sa respiration. Elle essuya ses yeux et sourit à Zilia :

"Je suis désolée, je ne sais pas pourquoi j'ai rit !"

C'était tellement impoli de sa part !
Pensive, elle reprit plus calment, en chuchotant presque :

"Ton regard n'avait rien de drôle..."

Elle regarda timiddement les yeux de Zilia, et constata avec soulagement qu'il étaient de nouveau ceux d'une jeune fille normale. Son sourire s'agrandit :

"Tu as raison ! Allons manger, je connais un petit resto sympa pas très loin !"

Elle attrappa la main de Zilia et se mit à courrir en riant.

Emma observa attentivement le menu. Contrairement à ce que pouvait laisser penser son corps très mince, presque maigre et à son grand desespoir oh ! combien petit, elle avait plutôt fort apettit !

"Hum... Je vais prendre de la viande grillade avec une assiette de frites... et un petit peu de haricots ! "

hum... et en boisson,... de l'eau plate. Comme d'habitude. Elle demanderait un pichet.

"Et toi ?"

Emma hocha la tête à la proposition de Zilia.

"Oui, pourquoi pas !"

Mais sa première question la prit totalement au dépourvu. Elle devint soudain rouge pivoine et se mit à bégayer, les yeux rivés sur son assiette vide.

"Hein ?! Heu... Je... Enfin c'est à dire... hum !... C'est..."

Elle se mordit la lèvre, finit par se servir un verre d'eau et avala plusieurs gorgées d'un seul coup. Avec un sourire un peu gêné, elle répondit d'un petit couinement de souris :

"...et toi ?"

Etait-il possible de se cacher sous la table ?

Emma ne releva pas les yeux. Ses sentiments... Tout ce qui c'était passé depuis... Elle ne pouvait pas. Pas encore. C'était si fragile. Toutes ses émotions qu'elle connaissait à peine, qui se dévoilaient doucement tous les jours. Tous ces souvenirs... Non ! Elle ne voulait pas s'en souvenir ! Elle ne pouvait pas en parler. Elle n'était pas prête à le faire. Pas encore.

Après plusieurs minutes de silence, sa voix s'éleva, hésitante. Cette voix douce, un peu grave, légèrement chantante. Mais même si basse, on pouvait entendre la tristesse y résonner :

"Je... Excuse-moi mais... Pourrait-on changer de sujet ?"

Emma regarda Zilia s'étouffer avec inquiétude.

"Zilia ! Ca va ?!"

Un de ces moments où l'on ne sait pas quoi faire pour aider l'autre... Pff ! Comme c'était rageant !
En voyant la jeune fille reprendre une couleur à peu près normale, Emma soupira et sourit.

"Non, je ne mange jamais à la cantine..."

Elle baissa les yeux et dit plus bas :

"Il y a souvent du monde..."

Elle releva la tête et lui sourit de nouveau.

"Je mange souvent dans le parc."

La serveuse apporta les plats. En voyant son assiette, Emma se rendit compte qu'elle avait vraiment faim.

"Bon appettit !!"

Emma la regarda, surprise.

"Je... Si, bien sûr, je veux bien !"

Tout en mangeant, Emma regarda Zilia avec curiosité. Elle avait l'air vraiment sympa... Mais non, à ce moment là, quand elle l'avait regardée...
Emma hésita.

"Pourquoi... ton regard, tout à l'heure..."

Elle se tut, équarquilla les yeux et baissa la tête avant d'ajouté très vite :

"Je suis désolée je ne voulais pas !..."

Ah làlà ! Elle devait vraiment être pathétique ! Emma se mordit la lèvre avant de demander à son amie d'un ton plus léger :

"Quelle est ta couleur préférée ?"

Emma hocha la tête.

"J'aime aussi le orange..."

Puis, étonnée, elle écouta Zilia. Une deuxième personnalité... La voyant partir en courant, en larmes, Emma se leva, paya son repas et attrapa les deserts avant de la suivre. Elle sortit et s'assit à côté d'elle. Elle lui tendit son desert et dit avec un sourire :

"Je resterai calme."

Comment arrêter des larmes ? Emma ne savait pas quoi faire. Alors elle se contenta de rester assise à côter de son amie, patiente, présence simple et rassurante.

Emma lui sourit d'un air rassurant. Malgré tout, elle se souvint du regard meurtrier.

"Je ne m'enfuirai pas... Mais je pense que je vais maintenant me balader avec une feuille et un crayon dans la poche ! Qu'aimes-tu dessiner ?"

En même temps, Emma finit son dessert et se leva, replaçant d'un geste rapide ses cheveux derrière ses épaules.

"Où va-t-on ?"